Article Ă©crit par Pierre
16 Août 2023 @ 3:00pm
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Si vous chérissez la relation stable et solide avec votre conseiller bancaire, préparez-vous à une vague de changements en 2023. En effet, de nombreux conseillers semblent ne plus se retrouver dans leur métier, provoquant ainsi un mouvement de transition régulière dans la profession.

Votre perceptible sentiment que votre conseiller bancaire change ensuite de poste correspond bel et bien à la réalité. Les statistiques de juillet 2023 de l’Association française des banques confirment cette impression en indiquant un taux de rotation des conseillers de 10,2% en 2022 (contre 7,6% en 2021) et un pic de 8 400 démissions.

Mais alors, pourquoi ce mĂ©tier, souvent considĂ©rĂ© comme avantageux et bien rĂ©munĂ©rĂ©, n’attire-t-il plus ?

Une rémunération qui laisse à désirer

Les syndicats bancaires sont univoques : c’est le niveau des salaires qui constitue un frein majeur aux recrutements. Les rĂ©munĂ©rations Ă  l’entrĂ©e sont jugĂ©es insatisfaisantes, particulièrement en milieu urbain. Selon la rĂ©cente Ă©tude du cabinet PageGroupe, un conseiller bancaire en place depuis moins de deux ans gagne entre 30 000 et 32 000 euros bruts par an.

Pour les syndicats, une telle rĂ©munĂ©ration est inacceptable pour un secteur dont les entreprises rĂ©alisent chaque annĂ©e des profits se chiffrant en milliards. Si d’autres avantages existent (bonus annuel, 13e, 14e, voire 16e mois, près de neuf semaines de congĂ©s, etc.), ils sont principalement destinĂ©s aux postes supĂ©rieurs.

Les conseillers bancaires n’hĂ©sitent pas Ă  recourir Ă  la concurrence. « Il y a ceux qui dĂ©missionnent pour changer de vie, et ceux qui passent Ă  d’autres rĂ©seaux », rapporte Paul-Maurice Aldebert, dĂ©lĂ©guĂ© Sud-Ptt 13 Ă  La Banque postale, au Parisien. Et dans le mĂ©tier, « en ville, il suffit de traverser la rue pour voir si l’herbe est plus verte de l’autre cĂ´té », ajoute Laurence Daguzan, experte financière chez Syndex, un cabinet d’expertise au service des reprĂ©sentants des salariĂ©s.

Des illusions déçues

Au-delĂ  des considĂ©rations salariales, c’est surtout le poids des conditions de travail qui accable les conseillers bancaires. Alors qu’ils se considèrent comme des prestataires de conseils, la rĂ©alitĂ© se montre bien diffĂ©rente.

Le fait est que le conseil ne fait pas spĂ©cialement partie de la fiche de poste. Ser conseiller bancaire revient Ă  mĂ©langer des tĂ¢ches administratives et de conformitĂ© avec des tĂ¢ches de commercialisation des produits bancaires. C’est ce dernier aspect qui, malheureusement, est le plus rĂ©barbatif pour les conseillers.

D’une part, on leur demande de privilĂ©gier le conseil et d’autre part, on exige d’eux de rĂ©aliser des objectifs commerciaux (ouverture de Livret A, souscription de prĂªts, etc.) toujours plus ardus. Leur compensation variable dĂ©pend largement de ces rĂ©sultats, ce qui constitue une part importante de leur package fixe/variable.

« Ce qui motive les conseillers, c’est de trouver la solution la plus adaptĂ©e Ă  leur clientèle plutĂ´t que de vanter des produits de manière aveugle et indiffĂ©rente », observe Paul-Maurice Aldebert, dans les colonnes du Parisien.

Et s’ajoute Ă  cela la dĂ©fiance croissante du public Ă  l’Ă©gard des Ă©tablissements bancaires. Les clients se retournent souvent contre les conseillers, qui sont les premiers reprĂ©sentants tangibles de la banque. Une enquĂªte de la Dares effectuĂ©e en 2020 a rĂ©vĂ©lĂ© que les techniciens et employĂ©s du secteur bancaire et des assurances font partie des catĂ©gories de travailleurs les plus stressĂ©es. Durant les 12 derniers mois, 35% des employĂ©s de la banque et de l’assurance ont affirmĂ© avoir Ă©tĂ© victimes d’une agression verbale ou physique, contre une moyenne de 18% pour l’ensemble des travailleurs.

Mais selon Maya Atig, directrice gĂ©nĂ©rale de la FĂ©dĂ©ration bancaire française, il n’y a pas lieu de s’inquiĂ©ter. « Si le turn-over dans le secteur bancaire est en augmentation, il demeure nĂ©anmoins maĂ®trisĂ©, avec une moyenne de 22,6% sur l’ensemble des secteurs au niveau national », tempère-t-elle dans le Parisien.

Il vous faudra donc vous accomoder de voir plus frĂ©quemment votre conseiller bancaire changer de poste. Ă€ moins, bien sĂ»r, que vous ne soyez dĂ©jĂ  passĂ© Ă  l’ère numĂ©rique, en optant pour une banque en ligne ou une nĂ©obanque.

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